

Dormir plus en hiver, si on hibernait ?
L’hibernation des animaux : une solution pour traverser l’hiver
Si l’expression « dormir comme une marmotte » fait sourire, nous avons beaucoup à apprendre de cet animal montagnard et de ses comparses qui hibernent.
Des animaux prêts à affronter l’hiver en dormant
Cachés dans un terrier ou dans un nid douillet à l’abri des frimas, nos petits compagnons adaptent leur métabolisme en saison hivernale. Ils entament une « pause dodo » de quelques semaines à plusieurs mois (200 jours pour les marmottes) en attendant le soleil printanier. Ce phénomène d’adaptation physiologique aide les mammifères hibernants, surtout les rongeurs et insectivores, à supporter les rudes journées d’hiver. Pour traverser ces épisodes, ils constituent une réserve de graisse destinée à les nourrir en dormant.
Des organismes qui se mettent en veille
Pour dormir profondément pendant l’hiver, les animaux plongent dans un état de léthargie en maintenant les fonctions vitales au ralenti. Pour cela, leur température corporelle chute en dessous de 10 degrés, sans toutefois descendre sous les 1 °C. Leur flux sanguin diminue, tout comme leurs rythmes cardiaque et respiratoire. Lorsqu’il hiberne, l’animal ne réagit plus, quels que soient les événements qui peuvent survenir à ses côtés. Seule une partie du cerveau reste en alerte pour assurer sa survie. L’hibernation permet aux différentes espèces d’arrêter de s’alimenter ou de boire le temps du sommeil prolongé.
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Dormir plus en hiver : un besoin physiologique pour les humains
Nul besoin de préparer des réserves alimentaires pour dormir en hiver ! Mais les êtres humains ont des nécessités en sommeil plus importantes lors de cette période.
La saisonnalité influence le sommeil
p>Lors d’un suivi réalisé pendant un an, des chercheurs allemands 1ont relevé des besoins accrus de sommeil au cours de l’hiver. L’étude a ciblé des adultes vivant en milieu urbain et souffrant de problèmes pour dormir, plutôt exposés à la pollution lumineuse qu’à la lumière naturelle. Ils ont ainsi constaté que ces patients restaient endormis une heure de plus durant les nuits hivernales. Ce résultat met en évidence des différences de temps de sommeil entre l’été et l’hiver, mais aussi montre le rôle de la lumière sur notre activité nocturne.
Des cycles de sommeil bouleversés en hiver
L’équipe scientifique a ainsi relevé une augmentation du temps de sommeil d’une heure en fin et début d’année. Ils justifient cette saisonnalité par une modification des cycles nocturnes. L’heure supplémentaire dédiée à dormir l’hiver est en réalité liée à la durée du sommeil paradoxal. Cette étape clôturant les cycles comptabilise trente minutes de plus lors des nuits d’hiver. C’est au cours de ce temps que le cerveau est très actif et que les rêves interviennent. Le sommeil paradoxal, proche de la phase d’éveil, est notamment stimulé par les changements de lumière.
Les conséquences de la baisse de luminosité en hiver
Les spécialistes avaient déjà fait le lien entre la qualité de sommeil et l’exposition à la lumière naturelle. La luminosité étant plus faible entre novembre et mars, relever des conséquences sur les rythmes de sommeil semblait donc logique. La lueur du jour et les rayons du soleil agissent sur notre horloge biologique. Ce sont ces éléments qui envoient des messages à notre cerveau pour l’informer qu’il est temps de se réveiller. En revanche, l’obscurité prépare le corps au sommeil, car notre horloge interne comprend que l’heure d’endormissement approche. Elle déclenche ainsi la production de mélatonine, l’hormone qui nous aide à bien dormir.
Sommeil et hiver : une adaptation physiologique nécessaire
Mais alors, quel est le lien entre notre qualité de sommeil et l’hibernation ? Les organismes des êtres vivants s’adaptent au changement de saison en fin d’année. Si nos nuits comportent des phases paradoxales plus longues en hiver sous nos édredons douillets, celles des animaux voient également des modifications en hibernant. Dans leur cas, le sommeil lent (appelé aussi orthodoxe) augmente considérablement au détriment du sommeil paradoxal. Les cycles de ces animaux intègrent donc davantage de sommeil profond. Que ce soit pour les hommes ou la population animale, notre façon de dormir se modifie naturellement en basse saison.
Mieux dormir en hiver : se préparer à des nuits de qualité
Nos besoins physiologiques demandent des temps de repos plus longs en hiver : autant se mettre dans de bonnes conditions ! Voici nos recommandations pour hiberner l’hiver au lit.
- S’exposer à la lumière extérieure au moins 30 minutes par jour pour réguler les rythmes circadiens.
- Couper les écrans une heure avant le départ au lit afin d’envoyer un signal au cerveau que l’heure de dormir approche.
- Programmer un temps calme avant le coucher comme la lecture ou la méditation.
- Se réveiller naturellement sans horloge pour assouvir les besoins élevés en sommeil en hiver.
- Partir au lit dès que l’envie de dormir se fait sentir le soir.
- Régler une température comprise entre 16 et 19 °C dans la chambre sans surchauffer l’atmosphère.
- Choisir une couette confortable pour s’emmitoufler de douceur jusqu’au petit matin.
- Même si nos modes de vie ne sont pas propices à l’hibernation, nous pouvons adapter notre organisation pour passer plus de temps au lit quand les journées raccourcissent. Une heure de coucher anticipée, un bon livre, une couette hiver en duvet aérien, voilà la recette idéale pour glisser vers des nuits réparatrices et faire de beaux rêves. Bonne (longue) nuit !
1Frontiers in neuroscience : Seasonality of human sleep - Février 2023
2Le journal CNRS : Comment la lumière régit notre sommeil - Novembre 2021
3Université de Lyon : Phylogenèse des états de sommeil par Michel Jouvet neurobiologiste - 1994