

L'utilisation de la plume par Rebecca Horn
Rebecca Horn : présentation
Le processus créatif de Rebecca Horn prend source dans sa jeunesse et a évolué tout au long de sa vie.
Une jeunesse perturbée par la maladie
Rebecca Horn fait partie des artistes contemporains nourrissant leur imagination à partir de leurs expériences personnelles. Et on peut dire que son parcours est loin d’être linéaire depuis sa naissance en 1944 dans l’Odenwald en Allemagne. Se destinant à devenir artiste malgré la volonté de ses parents de la former au sein de l’entreprise de textile familiale, Rebecca Horn intègre l’académie des Beaux-Arts de Hambourg. En 1967, au cours de son apprentissage, elle inhale des vapeurs toxiques l’obligeant à rester pratiquement une année dans un sanatorium. De cette expérience d’isolement et d’altération physique, en ressort un besoin irrépressible d’exprimer ses frustrations lors de son enfermement au travers du dessin. Puis, lorsqu’elle reprend sa formation artistique, elle crée des compositions originales telles que des corsets, des gants ou des masques à base de matériaux atypiques. On peut ainsi voir des créations composées de bandages ou de plumes comme celles qui garnissent les oreillers en plumes et duvet.
Des créations évoluant au cours des décennies
Rebecca Horn trouve son style, inspiré du dadaïsme et du surréalisme en vogue au XXe siècle. Durant les années 70 et 80, les plumes s’invitent dans ses créations. Elles jouent les prolongations du corps ou le protègent du monde extérieur en le cachant derrière des masques, par exemple. À partir de 1980, Rebecca Horn se passionne pour l’art cinétique. Ses œuvres imposantes allient esthétisme et mouvement. D’ailleurs, on retrouve quelques-unes de ses sculptures dynamiques dans des films qu’elle réalise. Plus tard, l’artiste allemande donne une nouvelle dimension à ses compositions esthétiques par des jeux de lumière, de miroirs et de musique. Elle se fie à l’énergie des lieux pour produire des pièces uniques évoluant avec l’espace et le temps. La créatrice est sensible au rythme, à la mécanique et à la coordination des mouvements. Elle se plaît aussi à faire référence aux domaines qui l’inspirent comme la littérature, l’histoire, le cinéma sans oublier les évocations sexuelles. Ses productions sont exposées dans des institutions prestigieuses telles que le Museum of Contemporary Art de Tokyo ou le Tate Modern à Londres. Elle a aussi transformé l’usine textile de ses parents en musée d’art permanent. L’artiste d’art conceptuel a remporté régulièrement de nombreux prix et distinctions.
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Présentation des œuvres en plumes de Rebecca Horn
Rebecca Horn parvient à magnifier les plumes grâce à des œuvres magistrales ou à des accessoires subtils pour dissimuler ou révéler les corps.
© Rebecca Horn
Feather Fingers - 1972
Des doigts en plumes, voici une composition célèbre de la sculptrice Rebecca Horn. Un montage esthétique, comprenant des anneaux pour s’adapter aux doigts de la main, laisse apparaître 5 splendides plumes en son extrémité. Cet arrangement harmonieux se transforme ainsi en un accessoire sensuel proposant de nouvelles formes de toucher. Dans le film Feather Fingers sorti en 1972, cet outil délicat permet d’effleurer le bras d’un amant. Il s’agit d’un prolongement du corps, si cher à l’artiste contemporain, explorant toutes formes de sensations.
La roue en plume de paon dans - Der Eintänzer - 1978
Dans le film “Die Eintänzer” sorti en 1978, sa production en plume “The Feathered Prison Fan” marque les esprits. Cette robe en plume de paon emprisonne le corps du personnage dans un espace réduit mobile, à l’instar d’une prison ambulante. À l’aide de plumes grand format, elle forme un bouclier instaurant de la distance entre les êtres. Le porteur de cette création artistique en plumes se trouve enfermé dans un système mécanique, source de frustration, mettant alors un frein à la séduction. Rebecca Horn joue avec la situation absurde d’un amant séducteur piégé dans un environnement réduit.
Die Kleine Sirene - 1990
Un cadran de plumes, un moteur et une tige métallique viennent composer ce tableau mis en scène de façon mécanique. Pourtant, cette belle œuvre en plumes blanches s’anime grâce à un mouvement lent et régulier, presque hypnotique. Cette petite sirène allie le mystère des contes et la cadence monotone des objets. Rebecca Horn place la machine au premier plan, tout en laissant l’inspiration s’évader et la réflexion s’installer. Cette pièce, exposée à la Fondation Van Gogh à Arles en début d’année 2022, complète sa collection de tableaux sur l’automatisme et le rythme perpétuel de la vie.
Cockfeather mask - 1973
Un mystérieux masque en plumes noires pour une vision sous un nouvel angle, c’est ce que propose notre artiste allemande. Pour cet ouvrage, Rebecca Horn imagine un masque à base de belles plumes de coqs à attacher autour de la tête à l’aide de bretelles. Une fois ce bandeau posé sur les yeux, on aperçoit les plumes perpendiculaires qui dépassent du visage tout en le recouvrant en grande partie. Le masque oblige ainsi à regarder son interlocuteur d’un seul œil, comme un oiseau tournant la tête sur le côté. Avec cet objet insolite, Rebecca Horn permet de caresser le visage de l’autre avec les plumes lorsque la tête se dirige sur le côté. Elle provoque ainsi des interactions entre les personnes, à mi-chemin entre la sensualité et le mystère.
Cockatoo Mask - 1973
Qui aurait cru voir autant de magie avec les mêmes matières qui garnissent les couettes en duvet ? Et pourtant, Rebecca Horn travaille les plumes de façon à les magnifier. Pour cet objet à la fois casque et masque, on aperçoit un cadre doté de deux ailes en plumes blanches cachant le visage du personnage qui le porte. Ces ailes se déplient afin d’envelopper délicatement le visage de la personne qui fait face et à le caresser. En reprenant leur place, les ailes repliées coupent le porteur du monde extérieur, le poussant à la réflexion et à l’introspection. Ces magnifiques compositions en plumes donnent matière à l’imagination. Invitant à étudier le rapport des Hommes aux machines, il est sûr que le monde de Rebecca Horn fascine. Quelques-unes de ses œuvres sont présentées à la 59e exposition internationale d’art de la Biennale de Venise en 2022. Si vous ne pouvez aller admirer ses œuvres dans les expositions des galeries internationales d’art moderne, laissez-vous tenter par une photographie contemporaine reproduisant l’une de ses créations. C’est une façon de recréer un univers artistique sous le signe de cette splendide matière que la Manufacture Castex utilise depuis des décennies dans la confection de ses couettes : la plume.