Le somnambulisme : un trouble du sommeil bien particulier
Somnambulisme, définition
Le phénomène du somnambulisme surprend l’entourage de par ses différentes formes. Ce sont des mécanismes physiologiques qui expliquent ces étranges comportements pendant le sommeil.
Une activité inconsciente la nuit
Le somnambulisme se définit par un événement moteur non contrôlé qui apparaît lorsque l’on dort. Le Dr Marie-France Vecchierini, neuropsychiatre au centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu, a décrypté ce phénomène lors de la Journée du Sommeil1. Elle explique notamment que le dormeur garde en général les yeux ouverts, effectue des gestes lents tout en étant maladroit et hagard. C’est ce qu’elle appelle une déambulation motrice inconsciente. Dans ses formes extrêmes, le somnambule peut même quitter la maison et prendre le volant de sa voiture en se mettant gravement en danger ! Cet état d’éveil altéré est d’autant plus perturbant que le sujet concerné n’a aucun souvenir de son activité le lendemain matin au réveil, persuadé d’avoir gardé sa meilleure position pour dormir pendant la nuit. Cet état se distingue du cauchemar.
Des comportements liés à l’activité cérébrale
Il faut savoir que les épisodes de somnambulisme interviennent lors du sommeil lent profond, ce qui correspond aux deux premiers cycles de sommeil. Ce phénomène dure peu de temps, à peine 10 minutes. En adoptant un état de confusion mentale proche de la veille, notre organisme dissocie le comportement moteur de la perception psychique. Le fonctionnement de l’hippocampe et du cortex, intervenant dans l’activité motrice, est décorrélé. L’hippocampe reste endormi, ce qui explique la perte du souvenir de l’épisode nocturne. Cette partie du cerveau joue un rôle primordial dans l’activité cérébrale sur le plan de la mémoire à court terme.
Quelles sont les causes du somnambulisme ?
Il existe plusieurs facteurs expliquant les crises de somnambulisme.
Les antécédents familiaux
Les personnes atteintes de somnambulisme possèdent une prédisposition génétique à ces troubles du sommeil. En présence d’un des parents somnambules, un enfant peut développer 47 % de risques supplémentaires et même 61 % lorsque les deux parents en souffrent. Pourtant, aucun gène n’a été mis en cause précisément à ce jour. Un groupe de neurologues français et suisses a bien identifié la présence d’un gène HLA pour 50 % des patients appartenant à un panel de personnes atteintes de ce syndrome2. Seulement, les chercheurs n’ont pu lui attribuer la responsabilité directe des épisodes de sommeil debout.
Des causes physiques et psychologiques
Parmi les facteurs favorisant les activités somnambules, on remarque des états de fièvre ou des périodes de privation de sommeil. En parallèle, certains traitements hypnotiques peuvent entraîner des effets secondaires de troubles de sommeil, tels que le somnambulisme. Le stress, l’anxiété ou la détresse psychologique contribuent eux aussi à développer ces crises liées au sommeil.
Des comportements troublant l’endormissement
Il arrive que notre hygiène de vie participe à la survenance des épisodes de sommeil semi-conscient. C’est le cas avec une exposition tardive aux écrans, influençant la phase d’endormissement lors des premiers cycles de sommeil. De même, une activité physique intensive en fin de journée peut altérer la qualité du sommeil et entraîner des séquences somnambules chez certains sportifs. La prise d’alcool est aussi identifiée comme une cause probable de ces troubles somnambules du sommeil.
Des facteurs déclenchants identifiés
Comment une crise de somnambulisme survient-elle ? Les médecins ont mis en évidence des troubles respiratoires chez certains patients adultes. D’autres souffrent parfois du syndrome des jambes sans repos. Il peut arriver que quelques bruits dans la chambre ou un contact physique viennent déclencher un comportement inconscient chez un somnambule, y compris sur un couchage de qualité ou sous sa couette haut de gamme préférée.
A lire aussi : Comment améliorer la qualité du sommeil des séniors ?
Est-ce possible de devenir somnambule avec le temps ?
En règle générale, les problèmes de somnambulisme concernent plutôt un public jeune. On décompte 15 % d’enfants susceptibles de faire une crise de somnambulisme jusqu’à 15 ans, avec moins de 6 % qui connaissent des épisodes mensuels réguliers3. Pour aller plus loin, le Dr Vecchierini souligne que le somnambulisme est constaté plus particulièrement chez les jeunes garçons entre 7 et 13 ans. Elle révèle qu’environ 30 % de cette tranche d’âge est concernée, avec un pic à 10 ans. Ce phénomène disparaît bien souvent à l'adolescence. Cependant, dans 25 % des cas, le somnambulisme peut revenir à l’âge adulte. À noter que les adultes subissant cet état l’ont déjà éprouvé lors de leur enfance.
Somnambule : est-ce grave docteur ?
De façon générale, deux niveaux de somnambulisme sont développés :
- la forme simple, concernant la plus grande partie de la population, avec des phases de 10 minutes qu’il convient de surveiller sans envisager le réveil de la personne ;
- le comportement à risque survenant deux à trois fois au cours d’une semaine et mettant le somnambule en danger (défenestration, terreur) : ce type d’éveil inconscient doit être régulé.
Il est préférable de prendre l’avis d’un spécialiste du sommeil lorsque les phases de somnambulisme durent longtemps ou qu’elles deviennent fréquentes. Un conjoint effrayé, la fatigue ou la somnolence sont des indices qui doivent vous pousser à consulter. Vous devez également surveiller s’il y a des facteurs déclenchants précis qui induisent des épisodes à forte gravité. À ce stade, le patient bénéficiera d’une prise en charge englobant les problèmes annexes déclencheurs influant sur l’hygiène de sommeil.
Comment soigner ce trouble du sommeil ?
Les médecins ne prescrivent pas de traitement précis atténuant le somnambulisme. Ils se focalisent plutôt sur les éléments déclenchants en vue d’éradiquer ou de diminuer les formes les plus graves. Parmi les préconisations permettant de réduire le somnambulisme, les médecins du sommeil conseillent notamment :
- d’adopter une heure de coucher régulière tous les jours ;
- de favoriser une bonne ambiance pour le sommeil dans la chambre à coucher (noir total, température, calme);
- de limiter la prise d’alcool ou les excitants comme la caféine avant de glisser sous votre couette en duvet pour lit king size ;
- de préférer des temps calmes en soirée pour se relaxer. Si nécessaire, le médecin pourra prescrire des antidépresseurs ou des benzodiazépines afin de retrouver la sérénité et un sommeil de qualité.
Pourquoi ce n'est pas une bonne idée de réveiller un somnambule ?
En réveillant un somnambule, vous perturbez le sommeil de la personne. Ce qui n’est pas dangereux à proprement parler sur le plan cardiaque ou neurologique. Vous devez plutôt craindre une réaction brutale du sujet qui se caractérise par des gestes violents ou une lourde chute. Si vous voulez mettre fin à la période d’éveil inconscient, raccompagnez alors le dormeur jusqu’au lit en douceur, sans le réveiller. Les seules situations imposant un réveil immédiat concernent les mises en danger. Dans ce cas, vous pouvez hausser la voix pour que la personne réagisse grâce au son, sans la secouer ni la brusquer physiquement. Faire preuve de somnambulisme est généralement sans danger. Les seuls cas graves imposent une prise en charge médicale par un médecin du sommeil. Ce sera l’occasion de corriger certains problèmes sous-jacents et donc d’aider le patient à adopter une bonne hygiène de vie. Et surtout, de rester dans son lit en retrouvant une formidable qualité de sommeil, sans bouger ni déambuler !
1Le somnambulisme : quand faut-il consulter ?