Lumière sur le métier de plumassier
 Lumière sur le métier de plumassier

Lumière sur le métier de plumassier

Catégories : Arts de vie & Plumes

Le métier de plumassier est un métier d’art ancestral qui désigne ceux qui préparent et fabriquent des ornements en plume. Autrefois les ateliers de plumasserie étaient très nombreux en raison de l’engouement des dames pour les chapeaux ornés de plumes d’oiseaux locaux ou exotiques, de toutes les couleurs, et de toutes les tailles. Mais cette mode n’a pas perduré, et les ateliers se sont éteints un par un. Mais grâce à la haute couture et au monde du spectacle, les secrets de fabrication des maîtres plumassiers ont pu perdurer, et leur métier préservé. De quelques centimes à plusieurs milliers d’euros, la plume est un trésor que les grands couturiers revisitent en permanence.

Histoire de la plumasserie : de l’âge d’or au déclin

Depuis toujours la plume fascine, par sa légèreté, ses couleurs ou ses formes. Dans beaucoup de cultures, les plumes représentent des symboles : chez les indiens la plume d’aigle est symbole de paix, pour les incas, la plume est synonyme d’élévation, et au Moyen-âge pour les catholiques, la plume de paon garantissait la résurrection.

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Apparue dans notre société durant la période de la renaissance et importée d’Amérique latine, la plume symbolise la puissance, la richesse et la virilité et a orné exclusivement la coiffure masculine jusqu’au milieu du XVIII siècle . Elles ornent d’ailleurs encore aujourd’hui les casques de la garde républicaine française.

Ensuite, la plume fut destinée à l’écriture, grâce à la plume d’oie trempée dans de l’encre de chine.

La plume d’autruche était un emblème de mode à la fin du XVIII siècle, elle ornait les coiffes de la bourgeoisie et de la noblesse. C’est à partir des années 1900 qu’elle connaît un véritable essor, et son usage va jusqu’à la réalisation de robes à costumes de music-hall, qui accompagnent la danse et les mouvements du corps. 

A la Belle Époque, la plume synonyme de raffinement et d’élégance est alors très prisée dans la mode féminine, le chapeau est arboré par les femmes dans tous les lieux publics.

plume_belle_époque  chapeau_belle_époque  chapeau_plumes

Le travail de la plume est devenu un véritable savoir-faire artisanal : le métier de plumassier. La plumasserie est une activité qui consiste à préparer des plumes d’oiseaux et les sublimer dans un ouvrage qui deviendra un élément de costumes. Dans le Paris de 1900 on croisait à chaque coin de rue un atelier de plumassier.

Ce métier ancien s’est invité dans différents domaines du luxe en France, notamment la mode et le spectacle pour la conception de costumes ou l’embellissement d’accessoires. En effet à Paris, épicentre de la haute couture, à la fin du XVIII siècle, il existait plus de 300 plumassiers employant 6000 à 7000 personnes.

Ils avaient en charge de transformer la plume en parure, grâce à des savoir-faire techniques emprunts de virtuosité. Les techniques traditionnelles de la plumasserie sont très complexes et nécessitent un extraordinaire travail de préparation des plumes : dégraissage, lavage, teinture, soufrage, dressage à la vapeur ou frisage.

peinture_plumasserieJohann Hamza Les plumassières. Huile sur toile, 1902

La maison la plus célèbre de toute, est la maison Lemarié initialement fondée en 1880, qui symbolisait toute la créativité de la plume. Avec l’abandon progressif du port du chapeau dans les années 60, cette industrie va peu à peu décliner. Le groupe Chanel va alors racheter la Maison Lemarié en 1996, afin de faire perdurer son savoir-faire ancestral, à travers ses défilés.

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La plumasserie aujourd’hui : cabarets et haute couture

Les artisans plumassiers ne sont plus aujourd’hui qu’une quarantaine, dans différents ateliers parisiens, méconnus du grand public. En voie d’extinction ce métier incarne des valeurs artisanales, avec des méthodes et des outils uniques, représentant l’univers du luxe, par la minutie et dextérité des artisans qui travaillent les plumes.

Il n’existe qu’une formation pour ce métier pourtant riche et fascinant, le CAP plumassier. Les plumes utilisées proviennent exclusivement d’animaux élevés et tués pour l’industrie alimentaire, telles que le coq, le faisan, l’autruche ou la pintade. Tout comme Castex qui utilise uniquement des plumes et duvets et duvet de canard destinés à la consommation, pour réaliser notamment ses beaux édredons et ses édredons piqués depuis 1870.

plumes

Pour autant, les plumes sont toujours très prisées et sont recherchées par les grands couturiers contemporains, mais également par les costumiers de l’opéra, les créateurs de revues ou les grands cabarets tels que le Lido, les Folies Bergères et le Moulin Rouge.

La maison Lemarié travaille aujourd’hui avec des plumes d’espèces non protégées, et s’engage pour la protection de la nature et la protection animale. Les 60 plumassières s’attèlent à la confection de robes qui peuvent prendre jusqu’à deux cent heures de travail, plusieurs jours d’affilé pour délivrer chaque pièce à temps pour les défilés Chanel, Dior ou bien Vuitton. Le modèle vaudra à la fin des centaines de milliers d’euros. Les plumes sont conservées au sous-sol dans des centaines de boîtes, dont certaines datent de presque un siècle.

maison_lemarié  moulin_rouge

Il y a également la Maison Février, située dans le 18e arrondissement de Paris qui depuis 1929, réalise essentiellement les costumes des cabarets. Les plus grandes stars comme Joséphine Baker, ont porté des créations originales de la Maison. Aujourd'hui encore, la maison produit des pièces uniques pour le Moulin Rouge. Chapeaux, cols, boas, toutes les créations de la Maison Février sont réalisées à la main par des plumassières qualifiées. Chaque pièce est créée entièrement par une seule personne, qui possède sa propre signature artistique.

Ce savoir-faire a encore de beaux jours devant lui, grâce à de jeunes artistes plumassiers comme Julien Vermeulen, qui a fondé sa Maison à Paris en 2014. Il a pour vocation de préserver la tradition ancestrale de cet artisanat, tout en innovant et faisant évoluer les techniques, afin de moderniser la plume et de partager ce savoir-faire. Détenteur du CAP de plumassier, ce jeune artiste a notamment travaillé pour Jean Paul Gaultier, Chanel, Louis Vuitton, Schiaparelli, Valentino, ou encore Dior. La haute couture créée ainsi de nouvelles vocations et permet de perpétrer ces anciens métiers artisanaux qui font la richesse de notre patrimoine.

Julien_Vermeulen

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