Somnifères : quels usages ? quelles limites ?
Somnifères : quels usages ? quelles limites ?

Somnifères : quels usages ? quelles limites ?

Catégories : Mieux dormir
Si comme 37 % des Français, vous éprouvez des difficultés pour dormir, peut-être que les somnifères vous semblent une solution efficace pour passer une bonne nuit. 1Ces médicaments contre les troubles du sommeil sont prescrits depuis les années 60, avec une consommation toujours très élevée. Les chiffres sont éloquents : l’Hexagone reste le 2e plus gros consommateur de benzodiazépine en Europe, juste derrière l’Espagne2. Pourtant, leur efficacité à long terme est pointée du doigt tout comme leurs effets secondaires. A-t-on réellement besoin de ces cachets pour dormir ? Voici notre point sur les usages et les limites des somnifères.

Qu’est-ce qu’un somnifère ?

Appartenant à la famille des benzodiazépines ou apparentés, les somnifères sont avant tout des substances anxiolytiques et hypnotiques. Cela signifie qu’ils abaissent l’anxiété et entraînent le sommeil. En réalité, il existe deux grandes familles de traitement contre le sommeil : les somnifères et les tranquillisants. C’est le dosage des molécules qui leur permet d’intervenir à des degrés différents.

Ce sont des médicaments psychotropes, puisque comme les antidépresseurs ou les neuroleptiques, ils agissent sur le système nerveux central. Les somnifères de type benzodiazépine ciblent le neurotransmetteur Gaba qui freine l’activité des neurones, tout particulièrement ceux concernés par l’éveil.

Comment agit un somnifère sur le sommeil ?

Selon la catégorie du somnifère prescrit, vous ressentirez des résultats différents.

  • Par exemple, les traitements à courte durée d’action tels que les hypnotiques vont accélérer la phase d’endormissement le soir. Ils sont plutôt indiqués pour lutter contre les insomnies de début de nuit ou les troubles occasionnels.
  • Votre médecin traitant peut également vous prescrire des benzodiazépines à durée d’action moyenne. C’est le cas lors de réveils nocturnes ou si un problème passager vous empêche de dormir.
  • La dernière catégorie de somnifères aura une durée d’action prolongée pour soigner les troubles du sommeil en fin de nuit ou les insomnies chroniques.

Mais prudence, tous ces traitements doivent faire l’objet d’un suivi médical régulier.

Comment prendre un somnifère ?

Un somnifère est à prendre juste avant de partir au lit afin qu’il agisse lorsque vous êtes en position couchée. Il faut compter 20 minutes avant que les premiers effets apparaissent. Notez qu’il est dangereux de doubler la prise, un seul comprimé suffit à vous endormir. Ces médicaments hypnotiques modifient votre comportement afin de vous plonger dans un état propice au sommeil. Autant vous dire qu’il est proscrit de consommer de l’alcool en même temps qu’une prise de somnifère ou de conduire un véhicule. Votre docteur et votre pharmacien vérifient toujours la compatibilité de ces substances avec vos traitements médicaux en cours.

Enfin, les femmes enceintes peuvent faire courir un danger à leur bébé en prenant des anxiolytiques ou des médicaments hypnotisants pendant la grossesse ou lors de l’allaitement. Si vous souffrez d’insomnie pendant ces périodes sensibles, parlez-en à votre médecin avant d’absorber des comprimés que vous pourriez stocker dans vos tiroirs.

Quelle est la durée d’un traitement pour dormir ?

Vous devez retenir que ces produits doivent être pris sur de courtes durées. Les recommandations médicales indiquent que les traitements hypnotisants ne doivent pas dépasser plus de 4 semaines dans le cadre d’une insomnie, phase de sevrage comprise 3. Lorsqu’ils sont prescrits pour des épisodes d’anxiété intense, les anxiolytiques à base de benzodiazépine restent limités à douze semaines maximum.

En effet, même s’ils améliorent le confort nocturne, les comprimés de somnifères ne favorisent pas pour autant le sommeil lent permettant de récupérer. De plus, la prolongation de leur consommation réduit les actions hypnotiques à partir de quinze jours de prise continue. La tentation est grande d’augmenter la posologie ou d’y avoir recours de façon prolongée, ce qui peut créer un état d’accoutumance.

À lire aussi : Que faire pour trouver le sommeil ?

Quels sont les risques et les effets secondaires des somnifères ?

Outre les risques de dépendance que nous venons de souligner, les cachets de somnifères peuvent causer d’autres effets indésirables. C’est le cas des troubles de la vigilance et de l’augmentation de la somnolence en journée entraînant davantage d’accidents ou de chutes. Des pertes de mémoire sont également possibles, ainsi que des problèmes d’équilibre. Il est néanmoins intéressant de constater la disparition de ces problèmes dès l’arrêt des traitements.

Les travailleurs et les personnes âgées doivent être sensibilisés à ces risques, d’autant plus que près de 40 % des plus de 85 ans consomment des somnifères 4. La prise d’autres médicaments peut venir annuler ou amplifier les effets hypnotiques. Il est recommandé de bien vérifier la compatibilité entre chaque médicament.

Comment se passer de benzodiazépine pour dormir ?

Pour parvenir à dormir sans somnifères, plusieurs étapes peuvent être mises en place. Voici les grandes lignes.

1 - Rechercher la cause des insomnies

Les troubles du sommeil sont souvent liés à des problèmes d’ordre physiologique, psychologique ou à des bouleversements de la vie quotidienne. Pour comprendre pourquoi vous ne dormez pas, votre médecin traitant peut vous orienter vers un spécialiste du sommeil qui pourra apporter un diagnostic précis, après un examen de polysomnographie par exemple. Un traitement plus adapté sera ensuite appliqué.

2 - Envisager d’arrêter les somnifères

Si le protocole médical se prolonge trop, vous pouvez demander à votre docteur de diminuer les doses consommées avant un arrêt définitif. Cette transition doit se réaliser sous surveillance médicale pour contrôler les effets du sevrage. Palpitations, sueurs ou tremblements peuvent s'immiscer dans vos journées.

3 - Privilégier les solutions naturelles pour mieux dormir

Vous avez la possibilité d’instaurer quelques routines pour dormir paisiblement sans somnifères.

  • Créez un environnement de nuit favorable au sommeil, a minima une literie de qualité, des oreillers confortables et une couette naturelle bien douillette.
  • Réservez du temps de relaxation et de gestion du stress avant de vous coucher : privilégiez des séances de méditation ou des exercices de respiration.
  • Conservez des heures fixes de coucher et de lever, y compris en fin de semaine.
  • Éteignez les écrans et baissez la luminosité à l’approche de l’heure de départ au lit.
  • Évitez les atmosphères trop chauffées, une température de 18°C maximum étant recommandée.
  • Prévoyez une activité physique en journée, idéalement en extérieur pour reprogrammer vos cycles de sommeil.

Dormir sans somnifère reste tout à fait possible en reprenant de saines habitudes. Alors, avant de succomber à ces traitements pour dormir, retrouvez le bonheur de glisser sous une couette chaude en duvet où vos sensations de bien-être seront décuplées. Nuit douce assurée !

1Enquête INSV-MGEN : Sommeil, croyances, santé mentale et éco-anxiété - Mars 2023

2Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) : Etat des lieux de la consommation des benzodiazépines - Avril 2017

3Vidal : Bien utiliser les somnifères - Mars 2023

4Haute Autorité de Santé (HAS) : Présentation programme « Être sénior et mieux dormir »

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