Bed rotting c'est quoi ?
Définition du bed rotting
On appelle « bed rotting » le fait de rester allité en journée sans rien faire de productif, afin de se ressourcer. Il s’agit d’un passe-temps prôné sur des canaux tels que TikTok ou Instagram. Parmi les personnes pratiquant le bed rotting, on retrouve majoritairement des jeunes appartenant à la génération Z.
Le concept consiste à regarder des films ou des séries, à rêver ou même à manger dans son lit. Le bed rotter est même prêt à rester plusieurs jours d’affilée, bien calé entre son traversin en plumes et duvet et ses oreillers douillets. Cette pratique est notamment considérée comme une méthode de relaxation à part entière par ses adeptes. Ces derniers déclarent recharger leurs batteries et se reconnecter avec leur corps et leur esprit.
Causes de la tendance à passer du temps au lit
Les amateurs de bed rotting affirment vouloir trouver du répit dans le rythme effréné imposé par nos sociétés. Entre autres, ils se sentent pris dans un engrenage mêlant travail, responsabilités familiales, sollicitations numériques et sociales. Ils aspirent ainsi à une déconnexion et une reprise en main de leur temps.
La technique du bed rotting est également adoptée par les personnes dormant peu sur semaine. Celles-ci cherchent à compenser leur dette de sommeil le week-end en restant alitées du matin au soir et du soir au matin ! Il s’agit d’une pratique peu recommandée en raison des risques encourus en cas de prolongation excessive.
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Dangers du bed rotting ou pourrissement au lit
Le terme employé pour désigner le fait de végéter au lit illustre déjà les aspects négatifs du bed rotting.
Un risque de sédentarité entraînant des conséquences néfastes pour la santé
La station allongée au lit, appelée également bedrest, entraîne un dérèglement métabolique comparable à celui des personnes diabétiques ou souffrant d’obésité. C’est ce qui a été constaté par les études physiologiques menées par des agences spatiales1. Les alités prolongés voient leur taux de lipides augmenter dans le sang. Pire, une résistance à l’insuline se développe, favorisant le diabète après seulement trois jours d'alitement.
La mode du « pourrissement au lit » vient renforcer le constat du manque d’activité physique chez les jeunes par l’ANSES2. La sédentarité peut affecter la circulation sanguine et accroître les maladies cardiovasculaires puisque les tissus et cellules sont mal irrigués. En réalité, le manque d’activité fatigue prématurément le cœur.
Un dérèglement du sommeil perturbant la récupération des dormeurs
En restant allongé dans son lit, le cerveau ne distingue plus les phases diurnes et nocturnes, un terrain favorable à l’insomnie. Regarder des films et des séries sous les draps renforce aussi les problèmes d’endormissement, car la luminosité des écrans ressemble à celle du jour. Enfin, l’excès de sommeil en journée peut perturber le repos nocturne puisque le corps récupère en journée. Vous êtes en pleine forme le soir…
Pourtant, des cycles de sommeil réguliers garantissent une bonne hygiène de sommeil. Pour cela, notre cerveau se fie à l’exposition à la lumière naturelle pour réguler nos nuits. Il alterne les périodes de veille et de sommeil selon la clarté du jour ou l’obscurité de la nuit. Ces différentes phases l’aident à sécréter des hormones comme la mélatonine produite le soir.3
Une incidence sur la santé mentale pouvant mener à de graves pathologies
Le fait de rester passif dans son lit toute une journée peut en réalité masquer une dépression. L’état de fatigue du bed rotter est à prendre au sérieux, car il peut révéler des maladies ou des problèmes de santé mentale. Le mal-être des jeunes s’amplifie notamment depuis la crise sanitaire. Qu’elle soit modérée ou sévère, la dépression touche 4 jeunes de 18 à 24 ans sur 10 en 2024.4
L’isolement renforce le repli sur soi, une attitude amplifiant déprime et apathie. Pratiquée régulièrement, la récupération par l’alitement peut mener à une phobie sociale. C’est pourquoi il est important de veiller à un proche s’adonnant régulièrement au bed rotting.
Des solutions pour bien récupérer hors du lit
Les fans de bed rotting peuvent s’inspirer de ces solutions pour allier forme et déconnexion en journée.
Garder un espace de sommeil bien distinct
Réservez un espace de nuit dédié au sommeil et isolé de vos activités quotidiennes. Évitez d’y manger ou d’y surfer en ligne. Votre cerveau assimilera mieux cette zone au repos à la vue de votre couette préférée.
Adoptez des rythmes de sommeil réguliers
Si se lever tôt en semaine fait partie de votre quotidien, prévoyez un temps pour faire la grasse-matinée sans décaler l’heure de lever de plus de trois heures. Les rythmes circadiens conservent ainsi leur repère chronobiologique.
Prévoyez un temps de sieste
Plutôt que de lézarder au lit, accordez-vous une sieste réparatrice après le déjeuner. Cette pause permet de reprendre des forces plus rapidement après l’agitation en semaine.
Programmez de l’activité physique tous les jours
Rester couché à longueur de journée est contre-productif. Faites quelques pas en extérieur, étirez-vous et bougez dès que vous le pouvez. Votre corps est programmé pour être actif.
Gardez le contact avec vos proches
Pour préserver votre santé mentale, restez connecté avec votre famille et vos amis. Les échanges réels contribuent à maintenir une vie sociale, bénéfique pour l’esprit et le moral.
Lancez-vous dans une activité manuelle
Pour déconnecter du quotidien, rien ne vaut un hobby ! Entre les loisirs créatifs, les ouvrages de rénovation ou même le jardinage, vous avez le choix pour vous vider la tête en oubliant le temps qui passe !
Adopter le bed rooting occasionnellement peut vous aider à lâcher-prise, mais cette pratique reste déconseillée pour votre santé. Se cacher sous une couette coton bio, oui… mais savourez le bonheur de la retrouver le soir au moment du coucher !
1Journal CNRS : Peut-on contrer les méfaits de la sédentarité ? - Mai 2020
2ANSES : Manque d’activité physique et excès de sédentarité - Février 2022
3INSERM : Dossier « C’est quoi la mélatonine » - Avril 2022
4France Inter : Étude sur la santé mentale menée avec le magazine Marianne - Mars 2024